Aller, vivre et devenir à Québec
Voilà une bien belle journée qui se termine.
Remarquons au passage que cette journée fut assez longue : 4h - 1h, moi je dis, c'est productif. Si je me réveille demain encore aux aurores, je demande à être assommée. Gigi, prépare ta scie sauteuse. Ponsot, ton front pourra servir, et pas pour préparer des petits glaçons... Goldfinger, oh non, toi tu ferais tout sauf m'endormir...
Au cours d'une ballade dans Québec aux côtés de mes propriétaires, j'ai découvert un petit marché assez sensationnel, avec des produits encore jamais vus, comme des bleuets (délicieux petits fruits bleus). Voyant mon émerveillement devant tant de senteurs, Eloi et Lise ont entrepris de me préparer un dîner local (= déjeuner chez nous). Au menu : du creton, une sorte de pâté maison à tomber par terre, et du blé d'inde en mets principal. Comprendre que le blé d'Inde, on appelle ça tout simplement du maïs dans le dictionnaire français Larousse! Quoiqu'il en soit, je me suis retrouvée dans des situations amusantes au cours de ma dégustation :
Quoi, je suis ridicule ? Mais point du tout, je n'ai fait que suivre l'exemple, c'est ça aussi l'intégration :
Puis en dessert, alors là c'était également un pur délice : assortiment de fruits de saison arrosé au sirop d'érable... Néanmoins, grand moment de solitude, comme il y en aura encore beaucoup d'autres fort heureusement : "Lucie, tu prendras bien un peu de cantaloupe ?" Je me serais crue Didier Bourdon dans les 3 frères quand sa belle mère lui demande "vous reprendrez bien un peu de patates?"... Comment je pouvais deviner aussi que cantaloupe = melon ?!
Mais mon plus fort moment d'émotion a plutôt eu lieu ce soir. Québec fête en ce moment la rencontre musicale de Mozart avec l'oeuvre gigantesque de Bach.
Alors pour la première fois depuis longtemps, je me suis rendue à un concert classique d'une grande qualité, mené par un quatuor à cordes très réputé dans le pays, le Quatuor Alcan. C'était absolument magistral... D'autant plus pénétrant que tout a été crescendo. Arrivée en avance à l'église, j'en ai profité pour en faire le tour, et tout ce que que j'ai pu voir, c'est à quel point les gens savent vivre. Ils prennent le temps. Tout respire la paix. Je pense à moi, et ça fait du bien... Je laisse des petits détails me donner le sourire jusqu'aux oreilles...
Rien de tel par exemple qu'une bonne partie de pétanque pour mieux apprécier le génie de Mozart... Et un cadre idéal:
J'aime bien la tranquillité qui se dégage de chaque scène de vie...
En achetant ma place, je demande un tarif étudiant, et la petite femme âgée qui tient la caisse me dit qu'avec un aussi beau visage que le mien, nul besoin de présenter quelque carte que ce soit. Petit détail qui ravit tellement ... J'en ai presque oublié mes cernes! Le nombre de fois où sur les Champs j'ai dû payer des places de ciné plein pot parce que j'avais pas ma carte d'étudiant ! J'ai jamais été aussi touchée que par ces petits mots gentils glissés en toute générosité au moment où on s'y attend le moins.
Puis le concert commence, et alors là, je ferme les yeux et me laisse emporter par des accords grandioses... A l'entracte, j'ai déposé un cierge pour ma Maman. Je serais curieuse de savoir le regard qu'elle porte sur ma vie de tout là haut. Qui sait, elle était peut-être avec Amadeus ce soir... De quoi attaquer encore plus sereinement la deuxième partie, la flûte de Bach retranscrite par Mozart pour un quatuor à cordes, avec des préludes aux fugues personnels... Enormissime...
Après ça, j'ai savouré mon premier Québec by night, en sautillant presque comme une gamine jusqu'à mon chez moi. ça fait du bien d'être bien.
Oh oui, je sens que je vais être bien ici.